La permission aura été de courte durée : 48 heures pendant lesquels j’ai pu manger quelques délicieuses pêches et des carottes râpées. J’ai découvert le visage entier de l’équipe soignante, que l’infirmier avait une barbe et que le seul déguisement obligatoire de mes visiteurs – la charlotte bleue – ne s’accordait pas vraiment avec des tenues de ville.
Finalement l’Aplasie c’est un peu mon deuxième pays. Certains vivent en Italie, d’autres en Albanie, moi je passe mon temps dans cette contrée ouatée. Où les gens avancent masqués. Où le bruit du flux d’air fait croire qu’il y a une tempête dehors. Où les seuls desserts connus sont des compotes. Où les livres en papier sont interdits et où le temps s’écoule au rythme de toutes les 4 heures pour prendre les constantes.
Mais j’ai eu droit à une faveur : le médecin m’accorde désormais six heures de sommeil d’affilée la nuit car il sait que je réagis bien aux traitements. Je commence aujourd’hui ma sixième semaine d’hospitalisation et c’est agréable d’avoir le droit à quelques privilèges.
Encore trois jours de chimiothérapie et j’espère qu’à partir de là, il ne faudra attendre que deux semaines pour que les cellules de la moelles osseuse se reconstituent.
Ah les privilèges ; comme nous les aimons !
Visiter l’Aplasie avec autant d’humour,
nous inviterait presque à y faire un séjour.
Et nous pourrions te croire dans le pays du Tendre
Tant les mots de tes maux sont si beaux à entendre.
Alexandre.
Merci pour ce commentaire en vers Alexandre 🙂